AUBER Daniel-François-Esprit

Daniel-François-Esprit AUBER©Association des Amis et Passionnés du Père Lachaise

Daniel-François-Esprit AUBER (1782-1871)

 

« L’art de Daniel François Esprit Auber (1782-1871) traverse et façonne tout un pan de l’École Française du XIXe siècle. Son apparente facilité, fruit en réalité d’un don mélodique incontestable parmi les plus généreux de toute l’histoire de la musique, cache une synthèse subtile. Auber base son approche dramaturgique, son orchestration remarquable de limpidité et d’efficacité, son sens de la conduite de la ligne sur les données de l’opéra-comique français du XVIIIe siècle, dans la lignée de Grétry (1741-1813), Monsigny (1729-1817), Boieldieu (1775-1834) ou Hérold (1791-1833). De ce modèle, Auber conserve sciemment la notion de délicatesse, d’apparente légèreté, d’un pont entre l’hédonisme propre à un certain XVIIIe et la sensibilité qui marquera l’extrême fin de l’Ancien Régime, particulièrement saillante aussi bien dans les gravures de Greuze (1725-1805) que dans Les Rêveries du promeneur solitaire (1776) de Jean-Jacques Rousseau (1712-1778). Fort de cet alliage subtil, Auber va insuffler au théâtre lyrique un rythme nouveau, un sens de l’à-propos, une vivacité parfois drolatique qui jamais ne se départent d’un soin jaloux de la qualité musicale et font la part belle à l’exploration romantique de la psyché des héros. Opéra et opéra-comique ne sont plus seulement des survivances de la tragédie lyrique baroque pour le premier et spectacle de famille pour le second, mais des laboratoires d’une rénovation qu’aussi bien Jacques Offenbach (1819-1880) que Charles Gounod (1818-1893) vont pousser jusqu’à son terme. Le compositeur est l’un des principaux artisans d’une spécificité de l’art lyrique français, affirmée aussi bien face aux tenants de l’opéra italien que du geste wagnérien, et c’est à ce titre que son oeuvre demande non seulement une redécouverte, mais une prise en compte à la hauteur de ses qualités, de Fra Diavolo (1830) aux Diamant de la couronne (1841), en passant par Le Domino noir (1837) ou Gustave III (1833). »

Lionel PONS, Marseille 1er octobre 2017

 

« Ce fut alors qu’il eut le bonheur de se lier d’amitié avec Scribe, et que tous deux unirent leurs esprits si parfaitement analogues, leur manière de sentir, et leur instinct de la scène, dans une multitude d’ouvrages charmants que le succès couronna. Jamais association d’auteurs ne fut plus heureuse. Leicester, La Neige, Le Concert à la Cour, Léocadie, Le Maçon, Florella, La Fiancée, Fra Diavolo, La Muette de Portici, Le Philtre, et vingt autres ouvrages devenus populaires, ont été les fruits de cette association des deux talents les plus fins de la scène française, pendant l’espace de trente ans. Parmi ces ouvrages La Muette de Porticiété considérée comme le chef-d’oeuvre du compositeur; la postérité sanctionnera sans doute ce jugement ; car la variété de style, le charme des mélodies et l’expression dramatique qui distinguent cet opéra en font une des plus belles productions musicales de notre époque. »

François-Joseph FÉTIS
Biographie universelle des musiciens et bibliographie générale de la musique, 2e édition, tome I, 1860
 

« L’indomptable jeunesse de M. Auber s’est encore donné carrière dans cette nouvelle partition. Il y a partout de la verve, une fraîcheur d’idées incroyable, une originalité presque téméraire parfois, un coloris instrumental, qui n’ont jamais brillé d’un plus vif éclat dans les précédents ouvrages de l’auteur. »

Hector BERLIOZ sur Marco Spada (1852)
[cité par Victor Debay et Paul Locard (1914), extrait de l’article « L’École romantique française », Encyclopédie de la musique et Dictionnaire du Conservatoire fondé par Albert Lavignac (Paris, Librairie Delagrave, 1931)]
 

« Il y a plus de travail dans la plus courte scène des Huguenots que dans toute La Muette, qui, pourtant, est un chef-d’oeuvre. Oui, cet homme a plus produit que personne, et il est certain qu’il n’a jamais travaillé… La facilité le perdit parfois et le sauva toujours. Par l’abondance, par l’intarissable épanchement de sa mélodie, il fut en effet une exception magnifique. A 86 ans il composait un opéra-comique, Le Premier Jour de bonheur. Ce titre seul à son âge ne fait-il pas sourire ? »

Victor DEBAY et Paul LOCARD (1914)
[Extrait de l’article « L’École romantique française », Encyclopédie de la musique et Dictionnaire du Conservatoire fondé par Albert Lavignac (Paris, Librairie Delagrave, 1931)]

 

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